Visite de Barbara POMPILI à Besançon pour l'Agence Régionale de la Biodiversité
Barbara Pompili a souligné l'intérêt des différents acteurs de la région pour la biodiversité dans son discours.
Le Discours de Mme POMPILI:
"Je me réjouis à double titre d'être présente avec vous ce matin.
D'abord, parce que ce n'est pas la première fois que j'ai l'occasion de me rendre dans votre belle région, et ici,à Besançon.
J'avais déjà constaté, en octobre dernier, à quel point de nombreux acteurs de votre territoire ont conscience de l'importance des enjeux autour de la biodiversité. Cette conscience est partagée et fait ici l'objet de la mobilisation de beaucoup, au premier rang desquels le conseil régional, mais aussi les autres collectivités et de nombreuses associations. Cette reconnaissance dont je veux témoigner en débutant mon propos,n'est pas une formule de politesse :croyez-moi, l'engagement dont vous témoignez n'est pas partout partagé aussi fortement, avec autant de volontarisme.
C'est pourquoi je ne suis pas surprise de voir la Bourgogne Franche Comté parmi les premières régions à se mobiliser pour mener à bien une belle ambition : celle qui doit aboutir à la création d'une agence régionale pour la biodiversité.
Mon deuxième motif de satisfaction, mesdames et messieurs, c'est celui de voir se concrétiser sur le terrain, portées par les acteurs des territoires, des opportunités ouvertes par un travail législatif conduit tout au long du quinquennat qui s'achève, et dont j'ai eu la responsabilité de porter l'aboutissement : je veux bien entendu parler de la loi du 8 août 2016 sur la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages.
Permettre aux acteurs de se saisir des dispositions de cette loi supposait que l'Etat joue son rôle, et que le gouvernement travaille à ses textes d'application : c'est en grande partie chose faite.
La loi biodiversité, ce ne sont pas seulement 175 articles ,ce sont aussi 35 décrets, dont un tiers est déjà publié, un tiers sortira du Conseil d'Etat dans les 2 à 3 prochaines semaines, et le reste je l'espère avant la fin de la mandature.
En ce qui concerne spécifiquement l'Agence française pour la biodiversité, l'engagement que j'avais pris avec Ségolène Royal,est tenu : l'AFB est opérationnelle depuis le 1er janvier,comme prévu.E
Elle constitue le principal opérateur de l'Etat en matière de biodiversité. Pour faire simple, elle doit être à la biodiversité ce que l'ADEME est aux politiques d'économie d'énergie et de développement des énergies renouvelables, d'économie circulaire et de réduction des déchets.
Cette agence,je le rappelle,n'est pas un organisme de plus : c'est une optimisation de l'existant, qui doit permettre de développer de nouveaux services et mener de nouvelles actions à la hauteur des défis.
La fusion de l'agence des aires marines protégées, de I'ONEMA, de l'établissement public Parcs Nationaux de France et de l'Atelier technique des espaces naturels, et le rattachement des parcs nationaux à la nouvelle agence, vont permettre de mettre de la transversalité, de développer de nouvelles actions et de renforcer l'efficacité de nos politiques publiques en faveur de la biodiversité.
L'AFB, ce sont aussi des moyens humains en plus puisque le gouvernement, dans un contexte budgétaire contraint a créé cette année 50 ETP en plus, dont plus de la moitié pour renforcer les équipes des parcs naturels marins.
Avec Ségolène Royal,en présence du président d'honneur de l'Agence, Hubert Reeves, j'ai installé le premier conseil d'administration le 19 janvier. Philippe Martin,le précédent ministre de l'environnement, en est désormais le président.
L'AFB est aujourd'hui dotée d'un budget initial de 224 M€, et elle pourra mobiliser 20M€ supplémentaires,que nous avons préservés dans son fonds de roulement, pour accroÎtre les actions de reconquête de la biodiversité. Le conseil d'administration s'est réuni une seconde fois la semaine dernière,et se réunira à nouveau fin mars, pour lancer de nouvelles initiatives en faveur de la biodiversité.
C'est cette concrétisation de l'AFB qui permet d'enclencher une autre dynamique, tout aussi importante, car elle lui sera complémentaire : celle des agences régionales.
L'engagement de votre région en ce sens se manifeste par l'organisation du séminaire d'aujourd'hui. Un séminaire de travail largement ouvert, associant partenaires et acteurs concernés,qui doit vous permettre d'approfondir le projet et programmer sa mise en œuvre.
Je me félicite de l'implication des services et établissements de l'Etat relevant du ministère chargé de l'environnement dans l'accompagnement de cette démarche : I'AFB bien sûr, mais également la DREAL direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement, les agences de l'eau, I'ONCFS.Et je veux saluer la présence, à ce séminaire, de tant d'acteurs différents: c'est la diversité de vos expériences,de vos compétences, de vos points de vue - au sens premier du terme - qui fera la force de nos politiques de biodiversité.
Vous êtes ici,ce matin,pour dire vos attentes,mais aussi pour déclarer ce que vous êtes prêts à partager, à mettre en commun.Je ne veux pas faire durer inutilement cette introduction, car l'essentiel porte aujourd'hui dans vos échanges. Mais permettez-moi de souligner deux dimensions essentielles à mes yeux sur le sens des agences régionales de la biodiversité :
- -Le premier point sur lequel je souhaite insister, c'est la prise de conscience par la société des enjeux de la biodiversité. C'est la montée de la prise de conscience des opportunités qu'il y a pour nos territoires, notre économie, notre qualité de vie, non seulement de s'en préoccuper, mais surtout de s'en occuper.
Nous observons une accélération sans précédent du rythme de dégradation des écosystèmes et de disparition des espèces. Nous connaissons les 5 facteurs de perte de biodiversité, tous liés aux activités humaines : artificialisation des sols, surexploitation des ressources naturelles, pollutions, espèces exotiques envahissantes liées à la mondialisation des échanges, réchauffement climatique. Nous connaissons de mieux en mieux les innombrables services rendus par la biodiversité, comme l'épuration de l'eau; l'atténuation des crues ;la fertilité des sols ; la pollinisation ;mais aussi le tourisme et l'agriculture.... Nous sommes ainsi conscients des bénéfices économiques apportés par la biodiversité. Et nous sommes de plus en plus imaginatifs pour développer des emplois grâce à la biodiversité. De tout cela,les Français sont de plus en plus conscients. Et le rôle des responsables politiques, c'est de transformer la conscience en actions.
Cela passe par la mobilisation de l'Etat, et ce gouvernement n'a pas créé un secrétariat d'Etat chargé de la biodiversité par hasard, le Parlement n'a pas mené à son terme le grand chantier de la loipour la reconquête de la biodiversité,de la nature et des paysages par hasard : c'est parce que les questions de biodiversité deviennent un enjeu de société majeur. Une politique forte de biodiversité est donc indispensable.
Mais celle-ci ne sera efficace que si l'ensemble de la société s'y engage. Car préserver et bien gérer la biodiversité - qui est un enjeu planétaire- est aussi une question locale et de proximité. Chacun a donc à prendre sa part. A cette fin,l'objectif prioritaire est d'expliquer, de convaincre, pour assurer une forte appropriation non pas seulement des enjeux, qui commencent à être connus et que l'AFB, par sa politique de communication, s'attachera à rendre encore plus visibles et compréhensibles,mais des solutions, qui, elles, demeurent trop souvent méconnues.
J'ai lancé en octobre dernier l'opération« Biodiversité en action», qui permet aux porteurs d'action de voir leurs réalisations reconnues, labellisées et valorisées : plus de 200 actions ont été enregistrées sur la plateforme internet depuis son lancement, réparties en trois thèmes : nature en ville, éducation à la nature, biodiversité et activités économiques.
Peut-être certains organismes présents aujourd'hui ont-ils recensé leurs propres actions. Peut-être des actions référencées ne sont pas représentées aujourd'hui par leurs porteurs de projets.
Je ne saurais que vous inciter à référencer vos actions, et à consulter le vivier des actions référencées si vous ne l'avez déjà fait : parce que l'objectif est non seulement de donner de la visibilité à ces actions, mais aussi de favoriser les échanges entre porteurs de projets, pour passer à la vitesse supérieure et développer, via les échanges d'expériences et de savoir-faire,des synergies qui permettront d'aller plus loin dans les solutions mises en œuvre par tant d'acteurs pour répondre au défi de la biodiversité.
- -Le deuxième point sur lequel je souhaite insister, c'est que ces solutions viendront des territoires. L'Etat fixe un cadre législatif,des règles pratiques,des principes généraux, mais rien ne pourra se faire sans appropriation locale des enjeux et sans la mobilisation des acteurs de terrain.
C'est pourquoi la loi a proposé un outil simple, adaptable à chaque situation, à la réalité de chaque territoire : c'est,précisément,l'ARS. Dans les territoires, les régions ont désormais des responsabilités accrues en matière de biodiversité. Eh bien, l'ARB, c'est la Région et I'AFB quis'associent et appellent tous les autres acteurs à progresser ensemble. l'ARB, c'est l'organisation de la mobilisation territoriale, animée conjointement par la région et l'AFB. Tout est donc ouvert, en termes de structuration, d'organisation, d'objectif. Mais la condition du succès, c'est l'adhésion à la démarche, c'est la compréhension partagée des enjeux, c'est la volonté de construire ensemble les solutions.
J'insiste sur le caractère novateur de cette démarche, dans un pays encore souvent marqué par un certain colbertisme. La loi a consacré un principe : les meilleures réponses sont entre les mains de ceux qui sont au plus près du terrain. C'est pourquoi la loi n'impose pas de modèle. Et c'est pourquoi, lorsque je me suis exprimée récemment devant les préfets,j'airappelé que l'Etat ne devra pas être directif mais réactif et surtout proactif.
Il accompagnera les initiatives, il ne s'y substituera pas. C'est bien pourquoila question de la localisation du siège de l'ARB relève du seul choix du conseil régional- je l'avais dit à Eric Alauzet, toujours très attentif à la défense des intérêts de Besançon, lorsqu'il m'avait interrogée sur ce sujet.
Je me félicite de la décision- qui est la vôtre, madame la présidente d'installer le siège de l'ARB à Besançon. Les services de l'Etat et l'AFB prendront en compte cette décision, et l'Etat fera tout pour l'accompagner.
Mais par ailleurs,le travail de l'ARB se fera aussi sur le terrain, au plus près des acteurs. Il y aura nécessairement une territorialisation à définir pour que l'ensemble du territoire de la région bénéficie de ses services :Je ne doute pas que vous travaillez en ce sens.
Pour cela, vous adoptez ici la bonne méthode celle de la concertation. Je me réjouis donc de ce séminaire,car il me semble pertinent sur le plan de la méthode.
Christophe Aubel va vous faire une présentation concrète de l'AFB. Et vous engagerez ensuite le dialogue qui devra vous permettre de concrétiser la création de l'Agence pour la biodiversité de Bourgogne Franche-Comté.
Sachez que je serai très attentive à vos travaux, car ils sont très importants pour nourrir nos politiques nationales, et pour inspirer les autres régions qui sont engagées dans la démarche de création d'une agence régionale ou qui envisagent de le faire.
Vous faites partie, en quelque sorte, des pionniers des Agences Régionales pour la Biodiversité.
Et,rien que pour cela,merci.
Et maintenant, au travail ! Un travail qui, ici, n'est pas un début, ni un aboutissement, mais bien une étape dans une politique dont je veux une dernière fois saluer le volontarisme, et le pragmatisme. Deux ingrédients indispensables à la réussite !"